vendredi 13 janvier 2012

Pianos haut de gamme: de Ricardo ARAUJO, chef d'orchestre

Qu’est ce qu’un piano haut de gamme ?

En quoi est-il différent d’un autre piano qui coute 2, 4 ou même 10 fois moins cher ?
La réponse tient en quelques mots.

Un piano c’est une histoire souvent centenaire. C’est un savoir faire acquis petit à petit, génération après génération.
C’est l’âme d’un facteur qui s’exprime par un son et qui se nourrit de son interprète et de ce fait dure et se transmet.
C’est un instrument exigeant qui ouvre au pianiste un univers sonore qui n’a de limite que celle de son imagination.

Depuis toujours, la facture instrumentale a été lie avec l’esprit des créateurs matérialisant et donnant au compositeur une palette sonore lui permettant de développer ses idées et ses œuvres.
Le facteur d’instruments accompagne les compositeurs et les interprètes mais parfois aussi, il les aide à penser différemment leur œuvre en leur proposant de nouveaux instruments qui ouvrent aux artistes des horizons jusque là inconnus.

Ce sont les facteurs qui d’ailleurs façonnent d’une certaine manière l’histoire de la musique en élevant leurs instruments au rang -pourrait-on dire- d’œuvres d’art car leurs instruments s’inscrivent véritablement dans la musique de leur époque, voir la dépassent, et ce savoir faire qui, au fil du temps façonne l’identité de chaque facteur qui se perçoit dans chaque instrument qu’il fabrique.

De nos jours, ce savoir faire tend à disparaitre et le lien entre le facteur de pianos et le créateur se brise du fait d’une logique commerciale qui privilégie quelques fois la rentabilité et le nombre de pianos fabriqués à l’art.

Un piano ce n’est pas juste des marteaux frappant des cordes, une table d’harmonie et un cadre. C’est une âme et une union entre un instrument et son interprète. Un piano s’imprègne de la sensibilité de son interprète qui, a son tour, nourrit son univers musical avec la personnalité de son instrument. Mais ceci ne peut se faire uniquement avec une logique commerciale.

Tel Nicolo Amati ou Antonio Stradivari au XVIIe siècle, au XIXe des facteurs de pianos comme Sébastien Erard ou Carl Bechstein entre autres ont su donner au piano leurs lettres de noblesse.
Ce sont des facteurs aujourd’hui disparus comme Broadwood qui permirent à Beethoven d’imaginer une œuvre comme la sonate op 106 dite « Hemmerklavier » qui ouvrit des horizons pianistiques que plus tard Franz Liszt a son tour développera.
Ou plus prés de nous un Carl Bechstein fabriquant un instrument unique qui permettra au même Liszt toutes ses audaces pianistiques puis a un Claude Debussy d’imaginer un univers sonore d’un raffinement inouï.

Ainsi, dans l’ombre des grands génies qui écrivent l’histoire de la musique, les grands facteurs perpétuent encore de nos jours un savoir faire unique en constante évolution permettant à chacun de nous de nous imprégner de leur histoire pour grandir musicalement et rêver notre musique quelque soit notre niveau pianistique.

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